D'abord,
enlevé dans les parties génitales puis
presque en rebonds revers sur le
dessus du crâne, ouille toc ça
fait!
Puis
latéral droit pour toucher l’oreille
gauche et latéral croisé pour
l’autre ! Ca vient tout
seul...
Latéral
bas pour terminer par le
genou !
Quatre
niveaux de frappe, cinq touches , des
cibles hyper tactiques, vitesse
d’exécution 1 à 2 secondes !
Bref, tout ce qu’il fallait pour
fortement impressionner n’importe quel
amateur de sport de combat.
Cerise sur
la gateau, le «prof » nous avait
amené sa canne perso. Une bête et
presque grotesque canne de Chaplin, en
bambou avec une poignée recourbée. En
main je me souviens d’un contact
désagréable, un peu visqueux mais
néanmoins sec et d’un poids
formidable, au moins 5
kilos !
Pas de
Charlot mais une tige de fer carrée
recouverte d’un nerf de boeuf. Et
l’arrondi ça permettait des balayages,
des étranglements et un tas de
truc trucs non académiques mais
éminemment impressionnant.
C’est
comme ça qu’a commencé une aventure
difficile, pleine de rupture mais de
plus en plus satisfaisante et
épanouissante.
Pas facile
de trouver un club de canne, il faut
chercher, avoir de la chance et être
prêt à faire des bornes. Mais quand on
a cette chance, on trouve un sport
plaisir avant tout, où l’ambiance est
bonne, les gens sympas, la cotisation
et l’équipement symbolique (merci
mille fois), le bâton et la canne
pratiqué en parallèle, comme une seule
et même arme, en revanche pas de
killer, pas non plus de combat en
bâton, trop dangereux, zut, tiens des
chips, sans faux col, merci...
Mais la
technique est là ; le train file
déjà et il faut s’accrocher. On
embarque mais ça va a une vitesse
dingue ! Tchac là haut puis tchac
en bas et tchac tchac parade et ran
remise en bas, à droite, à gauche, le
pied en avant (lequel ?!), la
main là, non pas l’armé l’autre, quoi
les semelles ? quoi le petit
train ?!
Et ça
tourne, avec ou sans changement de
main, ça muscle, ça descend de
mieux en mieux, ça remonte même, ça
s’accélère ,ça siffle et ça
s’améliore puis ça
s’éclaire...
Simple,
précis, si armé passez en dessous
sinon changement de main, rapide,
riche la feinte, le twist,
l’enchaînement, le déplacement, le
transfert d’appui...
Un
alphabet de six lettres avec son
écriture monolithique et majuscule, le
bâton, et son écriture
cursive, incisive et rapide,
pressée et efficace la canne...
Pour moi
ces six lettres sont le latéral,
le latéral croisé, le brisé, l’enlevé,
le revers croisé et en sixième signe
je regrouperais le coulissé et le
pointé qui me semblent être 2
déclinaisons du même signifié mais ça
se peut se discuter.
Avec
ces six lettres, évidement
exécutables à gauche et à droite, en
bas et en haut, on a la volte, le
changement de main, la parade,
l’esquive, la feinte, le
kemitsu comme syntaxe...Et
tout au contraire de l’écriture
occidentale rectiligne, la canne c’est
rond. On dessine des marguerites
autour de l’adversaire, avec
des pétales plus ou moins longs
et pointus, tandis que l’arme mouline
elle aussi autour de soi, à gauche, à
droite, dans le dos, en haut, de
l’autre côté, trop tard...Ca veut
peut-être bien dire quelque choses ces
fameuses cinq roues...
Une
technique pure, soignée et raffinée,
moderne malgré la poli des ans,
universelle presque...Un mélange rare,
une cuisine subtile que chacun peut
accommoder à sa sauce selon son
terroir et son goût.
Ainsi
du puissant batonneux trapu
à la souple et virevoltante walkyrie,
compagnons, dragons, robin des bois,
djedi et hell’s angels trouvent
aisément leur compte : c’est
chouette d'être grand !
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