SAGA
DU BATON DE JOINVILLE : A LA POURSUITE
DU BATON DE JOINVILLE
Opus 1 : LA
GENESE "Souvenir d'un apprenti-fabriquant
de bâton de Joinville' ...lire
la suite ou
''De
l'art de la transmutation du bois
en bâton de Joinville Bref,
comment fabriquer un bâton de Joinville
?'' -
A
la recherche de l'essence du bâton -
L'art
de trancher dans le vif -
Expérimentation
de fabrication dans les arsenaux
secrets -
La
décoration du bâton de Joinville
c'est râpé -
Une
œuvre d'art inestimable -
Apprentissage
de la technique du bâton -
L'aventure
continue -
Conclusion
: Le chant du bâton
Opus 2 : REGENERATION
"Les techniques du bâton de
Joinville remises au goût du jour"...
lire
la suite
Opus
1 : LA GENESE "Souvenir d'un apprenti-fabriquant
de bâton de Joinville
De l'art de la transmutation
du bois en bâton de Joinville - Bref, Comment fabriquer
un bâton de Joinville ?
Petit
je passais mes vacances d’été en bordure de Lunéville (petit ville située à 30
km de Nancy enMeurthe-et-Moselle, dept.
54), à cheval entre ‘’la ville’’ et la campagne avec les champs tous proches.
Lorsqu’il pleuvait ou qu’il ne m’était pas possible de sortir ‘’au jardin’’ - autre
expression bien lunévilloise - je me plongeais dans un vieux Larousse du XXème
siècle et je m’arrêtais inlassablement à la planche du bâton de Joinville. Cette célèbre planche décrivait par des dessins très clairs les mouvements
élémentaires d’un escrimeur aux bâtons.
En regardant de plus près cet homme en
justaucorps, les mouvements semblaient faciles… et si j’essayais ? L’orage
passé, je décidais donc d’aller à la recherche d’un morceau de bois semblable à
celui dessiné sur la planche. J’allais me confectionner un bâton de Joinville. A
la recherche de l’essence du bâton Où
trouver un morceau de bois bien droit ? Lunéville est lovée entre les bras
de deux rivières, la Meurthe et la Vesouze. Le saule poussait abondamment sur
les plaines alluvionnaires du lunévillois et les berges étaient denses en
végétation. Quel
arbre couper ? Le chêne est facile à reconnaître mais il est rare et difficile
à couper ; petit il n’est presque jamais rectiligne et …on ne coupe pas un
chêne sauf pour réaliser une armoire lorraine ! Le châtaignier est inexistant
en Lorraine. Bien connu des futurs Robin-des-Bois, le noisetier était le bois
idéal pour un arc, il était élastique et résistant si on avait la patience
d’attendre qu’il sèche un peu. Les notions de solidité et de rupture n’étaient pas
à l’ordre du jour, un bout de bois c’est toujours solide mais sa couleur brun foncé
était un handicap esthétique. D’ailleurs je n’ai pas souvenir que l’essence du
bois était précisée sur la planche du dictionnaire. Le
saule était présent à toutes les intersections de chemins, dans tous les
bosquets. Ses feuilles brillaient de milles reflets vert et argent dans le
soleil. Sans écorce il avait une belle patine blanche soyeuse et rayonnante, ça
serait donc un bâton en saule. L’art
de trancher dans le vif A
la première recherche je me suis baladé sans outil tranchant. Casser une
branche à la main est une opération difficile, la sève rend le bois élastique.
Si l’on y parvient, le morceau de bois est la plupart du temps fendu dans le
sens de la longueur. Le lendemain, je me suis muni d’un canif ou d’un poignard.
Résultat : une demi-journée pour tailler une branche. Trouver
une branche bien droite, la tailler à la bonne longueur (flûte elle est trop
courte maintenant, il faut recommencer), trouver le bon diamètre qui tient bien
dans une petite main prenaient déjà un bon moment. Pour couper sans arracher
l’écorce afin de pouvoir le décorer, il faut pré découper la zone de coupe, et
y entailler un anneau autour du diamètre, tout un art ! Pour expérimenter il
devient vital de trouver des gisements à bâton. Dans les champs de pâture, les
bosquets sont nombreux, ils renferment des trésors de branches droites, mais
les vaches et les taureaux font office de gardien du temple. Il s’avère
indispensable d’étudier les habitudes de ces nobles bêtes. Il semble que vers
17h, le parc soit libre ...et tous les parcs ne sont pas utilisés en même
temps. Une reconnaissance tactique permet de vérifier si la zone où se trouve
le bosquet convoité est bien séparée de la zone de pâture des animaux féroces
par des fils de fer barbelés. Une planification serrée s’impose. Lorsque les
cornes ne sont plus visibles, la distance est bonne.
Expérimentation
de fabrication dans les arsenaux secrets Fier
d’avoir surmonté toutes ces épreuves, il ne me reste plus qu’à le façonner. Le
bois de saule sue sa sève (c’est chouette la langue française), je le laisse sécher
appuyé contre un mur. Je reviens le lendemain et je constate qu’il s’est cintré
en séchant. Il faut repartir en exploration. Je découvre alors la biodiversité
de la Lorraine. Tout compte fait ce n’est pas si évident de trouver un saule,
les autres types d’arbres sont nombreux. Le
prochain bâton est posé au sol, mais il n’est pas symétrique il ne sèchera pas
de la même manière des 2 côtés. Du coup il est de nouveau cintré. On a perdu du
temps ! Le prochain séchera au soleil, bien à plat sur la dalle béton…
flûte il est complètement explosé, il a séché trop vite. Je ne me décourage
pas, j’apprends, le prochain ira à la cave…ce n'était pas une bonne idée, dommage il est piqué et moisi. Quand
enfin je maîtrise l’art de le faire sécher, pas trop au sec, pas trop à
l’humidité, à plat …plusieurs semaines se sont écoulées. Les arsenaux de la République
de Venise n’on qu’à bien se tenir.
des copeaux, des
copeaux et encore des copeaux
La
décoration du bâton de Joinville, c’est râpé Enlever
partiellement l’écorce sans se couper est un autre défit à relever. Les volutes
et spirales de décoration doivent être entaillées lorsque le morceau de bois
est encore frais, sinon l’écorce ne se détache pas. Mais lorsqu’on commence à
s’entraîner avec un bâton fraîchement décoré, l’écorce saute et tout est à
recommencer. Tout compte fait en blanc ce n’est pas si mal…La zone de travail
s’est transformée en usine à copeaux. Il va falloir nettoyer tout ça avant que
les parents rentrent du travail. Mal
nettoyé de la sous-couche présente sous l’écorce, le bâton laisse apparaître
des filets couleur de rouille, qui -s’ils ne sont pas enlevés au plus tôt-
tachent irrémédiablement le chef d’oeuvre.
Une
œuvre d’art inestimable Les
heures et les jours passés sur un chef d’œuvre de compagnons ne se comptent
pas. Bois commun à l’origine le bâton est maintenant digne des meilleurs katanas
du Japon médiéval. La fabrique de bâton de Joinville était donc un art et un
savoir faire complexe :)
Apprentissage
de la technique du bâton En
attendant le séchage, la règle en bois de 4 couleurs de l’année scolaire
écoulée fera l’affaire, c’était l’ancêtre du sabre laser du chevalier Jedi. Maintenant
il faut trouver de la place pour réaliser les mouvements. A côté du lustre de
la salle à manger ? Bof ce n’est pas l’idéal. Dehors c’est bien mieux mais
le Larousse est lourd à porter et on ne peut pas le mettre sur le sol, il
serait endommagé. On ne peut le sortir que s’il fait beau mais sans trop de
vent, sinon les feuilles s’arrachent… Les mouvements semblaient simples sur le
bouquin. Il manque des étapes à la description.
L'aventure
continue … Le
bâton de Joinville n’a maintenant plus de secret pour moi. Je peux courir les
grands chemins, ces mêmes chemins que j’empruntais à la recherche du bois
idéal. Mais cette fois c’est le guerrier qui est de sortie, les bandits de
grand chemin n’ont qu’à bien se tenir. De vastes contrées sauvages faites de
jardins maraîchers, de vergers (avec des clôtures pas trop hautes où l’on
distingue des mirabelliers, des pommiers, des cerisiers…) et des champs à
champignons sont à explorer. La gourde et la casquette pour le soleil
caniculaire lorrain complètent l’attirail d’exploration. Pas très loin du lieu
dit ‘’La Jonction’’, confluent entre la Meurthe et la Vesouzeun molosse gigantesque a décidé d’emprunter
le même chemin que moi. C’est l’instant de vérité, suis-je prêt à affronter un
véritable adversaire ? Mais le molosse a d’autres chats à fouetter, ou plutôt
quelques chiennes de sa connaissance lui ont donné rendez-vous en un lieu connu
de lui seul, il passe sans même s’apercevoir de ma présence. Ouf je n’étais peu
être pas encore tout à fait prêt.
Conclusion :
Le chant du bâton Oui
la pratique du bâton de Joinville était une activité à part entière, et
enrichissante à tous points de vue. J’avais appris à reconnaître les arbres
(certains ne se façonnent pas), à tailler, à sculpter, à observer les animaux
sauvages et à manipuler avec le temps restant…Une activé ludique amenée au rang
d’art ! Certains
bâtons ont survécu au temps, les meilleurs ont séché, se sont allégés sans se
fendre et ont conservé leur belle apparence d’acier blanc et leur patiné
soyeux. Les autres ont eu le privilège de servir de tuteurs à tomates ou
d’allumer des barbecues. Les bâtons les plus réussis étaient équilibrés et
permettaient une manipulation rapide ; ils fendaient l’air en sifflant. Le
but suprême de la manipulation était de faire chanter le bâton. Un bâton de
diamètre important chantait d’une voie grave (Vvrr…). Un bâton de faible
diamètre sifflait d’une voie plus aigue (Zz...). Bien
des années plus tard, j’aurai la chance de le faire chanter avec de multiples
autres techniques issue elles du bâton fédéral, un cousin proche. Une autre
aventure…
JMH
(juillet 2007) Mail :bfcanne [at] gamail.com
Opus
2 : REGENERATION
"Les techniques du bâton de Joinville remises au
goût du jour"
Techniques élémentaires
et exercices
.
Exercices d'aujourd'hui : quelques enchaînements adaptés
avec la dynamique 'bâton' actuelle. Moulinets par
abattée & volte (interprétations et comparaisons),
moulinets par enlevé & volte, moulinets & déplacements
les points clef.
Le secret de la Rose
couverte, une quête du Graal ?